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Wonder Aspie Woman !
7 mai 2014

Handicap et dignité : la leçon de la MDPH...

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Il y a plusieurs mois de cela, j’ai fait une demande d’allocation adulte handicapé. Cette allocation est versée, sous certaines conditions, aux adultes déclarés handicapés afin de leur assurer un revenu minimum qu’ils ne peuvent obtenir par le biais d’une activité professionnelle. Il est possible de demander le bénéfice de cette allocation lorsque le handicap dont on est atteint permet l’exercice d’une activité professionnelle, mais la limite grandement, empêchant la personne de subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Dans ce cas, l’allocation sera versée et le montant du (très modeste) salaire de la personne déduit.

L’AAH s’élève à 790,18 euros. Autant dire qu’elle permet à peine de survivre. A titre de comparaison, le SMIC brut mensuel s’élève à 1445,38 euros. Il est déjà difficile de vivre avec un SMIC, alors imaginez-vous vivre, payer un loyer, élever un enfant, etc, avec une AAH. Pour faire court, lorsque vous demandez l’AAH, c’est que vous ne pouvez vraiment pas faire autrement…

Et pourtant, ce « pas grand-chose » est bien difficile à obtenir, surtout lorsque l’on souffre d’un handicap « invisible »…

L’étude de mon dossier a amené la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), qui attribue l’AAH, à me convoquer pour une visite médicale afin qu’un médecin « évalue mon degré de handicap ». En gros, suis-je assez handicapée pour prétendre au soutien que constitue l’AAH ?

Après une attente d’une heure, je suis reçue par une dame très guindée au ton immédiatement pète-sec. D’emblée, je comprends que l’affaire est mal partie. Tout l’entretien se déroulera sur un ton atrocement sarcastique et méprisant, montrant que mon interlocutrice ne croit pas absolument pas en l’existence de mon handicap.

Le médecin commence par s’enquérir de ma situation personnelle avant de me demander d’expliquer les conséquences de mon handicap.

Dès que je tente de fournir les explications demandées en les illustrant, elle me coupe la parole, et, sur un ton moqueur et goguenard, tourne systématiquement en dérision mes propos. Ainsi, lorsque j’évoque le sujet de mes hypersensibilités, j’ai droit à « parce que vous croyez que c’est un handicap, ça vous ? Tout le monde est comme ça , franchement ha ha ! ». Cette dame va alors jusqu’à nier l’existence de mon handicap et se permet même de le requalifier : « ouais, en gros, vous faites de la phobie sociale, quoi » (parce que je mentionne mon hypersensibilité auditive…), ce qu’elle note soigneusement, fière, tout en le surlignant, alors même que je m’escrime à lui démontrer le contraire. Peine perdue, elle ne m’écoute pas et, encore une fois, me coupe la parole pour lancer un autre sujet.

Lorsque nous abordons le problème de l’emploi, j’informe mon interlocutrice que j’ai accepté un petit contrat de 8H par semaine qui consiste à décharger des palettes et ranger des produits en rayon dans une épicerie (j’ai un bac +5 en droit…) faute de pouvoir prétendre à mieux et assumer plus. Je n’ai, malgré mes recherches dans tous les domaines possibles et ma reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, pas trouvé d’emploi adapté à ma situation (en gros à temps partiel avec possibilité de certains aménagements). Ce n’est pas faute d’avoir contacté tous ceux qui étaient susceptibles de m’aider et/ou de me recruter (Pôle emploi, Cap emploi, assistantes sociales, associations de réinsertion, associations d'aide aux personnes handicapées, etc). Malgré cela, pour mon interlocutrice, il est évident que je n’ai pas assez cherché ou pas où il fallait : « vous avez qu’à vous adresser à des associations », me lance-t-elle, sans chercher un seul moment à identifier lesquelles et ce qu’elles pourraient me proposer. J’ai, de toute façon, bien évidemment déjà fait le tour de ces fameuses associations, ce que je m’empresse de dire à cette dame, ce dont elle se moque éperdument.

Je tente alors de lui expliquer que si je pouvais faire autrement (question fatigabilité notamment) et si l’on m’offrait mieux, je ne me serais pas contentée de mon contrat auprès de l’épicerie. Je gagne en effet 300 euros par mois pour un job qui m’épuise chaque fois pendant trois jours. Réponse, accompagnée d’un éclat de rire : « On vous a quand même pas mis le couteau sous la gorge, hein ! ».

 

Le médecin me sort alors : « Zavez qu’à être agent administratif ! » sans, bien entendu, savoir elle-même ce que recouvrent exactement ces termes et comment je pourrais me débrouiller pour trouver et conserver un tel poste, avec les aménagements requis.

Vraisemblablement agacée et pressée, elle conclut l’entretien en m’affirmant « Je ne défendrai pas votre dossier devant la commission, en plus vous avez que 31 ans [l’AAH n’est absolument pas liée à l’âge !] et vous pouvez encore chercher » et conclut par un mémorable : « en gros c’est à la société de s’adapter à vous, vous ne relevez pas de l’AAH ! »

Pour résumer, je me retrouve actuellement privée du bénéfice de l’AAH par un médecin incompétent qui s’est permis de nier un diagnostic officiellement posé par une équipe de spécialistes après un bilan poussé. Cette dame m’a jugée selon ses critères personnels et son humeur du jour, allant ainsi à l’encontre des bases de la déontologie de sa profession. Pour elle, je ne suis qu’un dossier parmi d’autres, une pauv’'fille qui s’invente un handicap pour demander la charité par plaisir, parce qu’elle a envie de rien foutre. Je m’étais habituée à ce que la plupart des gens me jugent ainsi, notamment ceux qui se disent mes « amis » (si, si, inutile de le nier…), mais je ne m’y attendais pas venant d’un médecin travaillant dans une structure spécialisée dans le handicap.

Autant je peux comprendre que l’on me refuse le bénéfice de l’AAH si mon dossier ne remplit pas les critères, avant je ne peux accepter d’être ainsi traitée et infériorisée. Suite à cet entretien, je me suis sentie à nouveau comme une sous-merde, sentiment que j'essayais de dépasser depuis plusieurs mois après des années de souffrance. Merci, Madame, d'avoir ainsi sapé le peu de confiance en moi et de dignité que je tentais de récupérer...

 

Tiens, sinon, au fait, les patrons de l’épicerie dans laquelle je bosse ont décidé de me virer pendant la période d’essai. Selon eux, je bosse très bien, je suis sympa, mais je leur coûte trop cher paraît-il. Ils vont me remplacer par un apprenti qui bossera plus pour un salaire moindre.

Quant à moi, eh bien, dans un mois, je n’aurai plus de ressources. Le temps que la « société s’adapte à moi », je serai probablement à la rue…Mais je l’aurais sans doute cherché, n’est-ce pas ?

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Commentaires
B
c'est une honte !!
S
Hello Miss<br /> <br /> tu sais tu restes une guerrière victime de tes combats dans cette société déréglée.<br /> <br /> C'est pourtant déjà bien qu'il y ait un système d'aide dans ce pays, par contre je n'ai aucun doute que ce système soit sclérosé par des masses de demandes farfelues, des fonctionnaires ayant atteint leur seul d'incompétences, des gestionnaires aigris et arbitraires, des petits chefs mal baisés aux pleins pouvoir, du manque de formation et de mise à jour, des restrictions de moyen et d'aidants...<br /> <br /> <br /> <br /> Alors ne prends pas sur toi la connerie des uns et l'ineptie d'un système mal géré, entoure toi des meilleurs amis qui t'entourent et bon courage pour avancer.<br /> <br /> Si besoin tu as mon e-mail.<br /> <br /> Bizzzz
S
Hello Miss<br /> <br /> tu sais tu restes une guerrière victime de tes combats dans cette société déréglée.<br /> <br /> C'est pourtant déjà bien qu'il y ait un système d'aide dans ce pays, par contre je n'ai aucun doute que ce système soit sclérosé par des masses de demandes farfelues, des fonctionnaires ayant atteint leur seul d'incompétences, des gestionnaires aigris et arbitraires, des petits chefs mal baisés aux pleins pouvoir, du manque de formation et de mise à jour, des restrictions de moyen et d'aidants...<br /> <br /> <br /> <br /> Alors ne prends pas sur toi la connerie des uns et l'ineptie d'un système mal géré, entoure toi des meilleurs amis qui t'entoures et bon courage pour avancer.<br /> <br /> Si besoin tu as mon e-mail.<br /> <br /> Bizzzz
S
Bon courage et bonne chance, car vous avez parmi les personnes valides, des gens totalement pervers qui profitent abondamment(oubliez ce que vous pensez savoir du fait de "profiter" d'une personne, les pervers-e-s dont je parle ne recherchent pas qu'un profit financier ou la destruction pure et simple d'être humains, non, ils-elles se nourrissent du mal-être, des souffrances, qu'ils-elles peuvent déclencher par leurs différentes manipulations, c'est cela, leur "profit", ca peut paraître incroyable, mais ca a plus de valeurs pour eux-elles que d'extorquer de l'argent ou autres "avantages", en tant qu'être-humain, il nous est souvent difficile voir insoutenable, de croire que des pervers pareils puissent exister, et pourtant !) des personnes handicapées, ce sont des êtres très intelligents, pas uniquement quand il s'agit de nuire de manière perverses, ils-elles peuvent très bien se faire passer pour des sur-doué-e-s si cela leur chante, ils-elles peuvent déjà très facilement vous manipuler dans tous les cas, et si vous tentez une résistance active voir une contre-attaque, en essayant d'expliquer à certaines personnes comment procèdent ces pervers et qu'ils-elles en ont vent, ils-elles peuvent essayer de vous faire passer pour un-e paranoïaque, ils-elles peuvent par exemple inciter les gens a questionner votre entourage, alors même que votre entourage, est entre autres choses; une des causes de votre handicap, de votre maladie, de votre mal-être etc ; comme si on prétendait éclaircir la réalité des maladies d'une personnes maltraitée, battue physiquement même, en questionnant ses bourreaux... Avec ces gens-là, avec ces personnes perverses, il faut quasiment raisonner comme un avocat, tout noter, tout devoir prouver, avec certificats à la clé, ces pervers-là adorent ca, le contrôle. <br /> <br /> <br /> <br /> Contrôler, et plus fort encore, quand ils-elles arrivent a faire en sorte que nous pensions un peu comme eux-elles, que ce soit nous qui nous contrôlions, en quelque sorte, nous même, dans une espèce d'auto-surveillance permanente, ils-elles inculquent la peur, de nuire à autrui, mais pas seulement à autrui, à nous même, au monde, à tout ce qui vit d'une manière générale, de ce point de vue ils-elles ont réussi avec moi, ca je dois leur reconnaître ca, les pervers avec qui j'ai eu une relation(sans savoir qu'ils-elles étaient pervers ni même ce qu'était exactement ce type de perversité, que même aujourd'hui, je n'arrive toujours pas a nommer, avec précision ou références scientifiques et médicales tout du moins) m'ont bien abimé sur ce point, et prouver que je ne suis pas paranoïaque relèverait pour celles et ceux qui ne voudraient pas me croire, de l'exploit. <br /> <br /> <br /> <br /> Ces gens là sont très forts, et je suis très faible, mais, je suis encore en vie. Et dieu sait que la lenteur est ce qui caractérise ma misérable existence, mais même très lentement, j'apprends. Et je le redis : je suis encore en vie. :)
M
Ce que je noterai, c'est l'accent des fonctionnaires à faire leur propre politique ! c'est fort étonnant. Un fonctionnaire ce doit d'appliquer les directives... bon des fois il s'agit de rejet des affaires de prud'hommes ou de dégager les "chômeurs" de leurs droits. Ce dernier exemple me fait penser à votre cas... mais je n'oserai penser qu'en sous-main un sous-secrétaire d'Etat envoie de pareilles missives à la MDPH dans le but de faire des économies.<br /> <br /> Ici on voit une fonctionnaire qui renifle la conspiration à tous les étages en s'emberlificotant dans ses représentations de tous voyous, les aides sociales ne profitent qu'à ceux qui ont le culot de le demander alors qu'ils pourrait travailler. Un chômeur, un handicapé c'est qu'un fainéant (fait néant, vaut rien) qui ne participe pas à l'effort de guerre collectif. Pardon, pas de guerre, mais de crise...<br /> <br /> La vision de cette femme montre que l'effort de se mettre à la place de la personne en face de soi n'est pas naturel à tout le monde. L'empathie ça s'apprend, mais en marge, chez les étudiants infirmiers mais mêmes chez eux c'est pas gagné! Quand on travaille à la MDPH on devrait penser aux difficultés du handicap, on devrait être informé sur la pathologie en question, on devrait aider et, après tout cela, démasquer la malice en connaissance de cause s'il elle a lieu, mais en équipe, après une étude collective. Non ici elle donne son avis, le sien, mêlé à ses humeurs du jour (comme tu le dis). La dame fait sa popote en se posant en supérieure, elle commence là l'humiliation, forcer un autre adulte à devenir l'inférieur.<br /> <br /> La dame a fait sa politique du moment, qui sait, elle aurait peut-être été victime d'un reportage sur une chaîne de mal-information sur l'abus des aides sociales. Les abus il y en a partout... mais bizarrement, les regards se tournent vers ceux qui les pratiquent qui peuvent le moins se défendre.
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